Khodja
Thomas Scotto, auteur – Régis Lejonc, illustrateur – Editions Thieyy Magnier
C’est l’histoire d’un garçon perdu qui traverse un labyrinthe.
Fascinant, envoûtant. Comme le petit personnage qui change subtilement de visage au fil de l’histoire, ce livre revêt des formes particulières pour chacun et il se transforme à chaque lecture pour soi-même. Un véritable mirage.
C’est une histoire d’enfance.
La piscine Molitor, Labyrinthe de Jim Henson, l’incroyable format du livre, une typographie toute clinquante, l’étrange créature du lac noir, le film de Jack Arnold, le générique d’un film de série B et l’humour jusque dans les pages de garde.
C’est ce que j’ai perçu tout de suite de ce livre. Un peu étonnant ces associations d’idées, comme dans les rêves. Un mélange de sentiments très forts et diffus à la fois. Je vous le dis là, en secret : j’ai lu ce livre un soir très tard et au réveil, le lendemain matin, j’ai eu l’impression que j’avais rêvé ce livre.
Je ne suis pas un garçon (ça, c’est moi qui le dit…) mais ce livre c’était moi. Et très naïvement, je crois qu’il peut-être chacun de nous ce livre.
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La piscine Molitor : piscine culte, reflet de la vie des années folles, joie de vivre et profonde insouciance, comme l’enfance. Mais aussi, période de perdition. La piscine Molitor est aussi représentative du Premier courant artistique d’envergure internationale, l’Art Déco, mouvement d’architecture et de décoration intérieure. De là à faire des conjectures et à imaginer un lien avec notre propre intériorité, à la fois intime et universelle, il n’y a qu’un pas… vous le sautez avec moi ?
Labyrinthe, c’est un film de Jim Henson avec David Bowie… cet homme dont on se demande parfois s’il existe vraiment ! C’est l’histoire d’une jeune fille qui s’évade par la lecture de contes fantastiques. Son préféré, c’est « le labyrinthe » et ce livre-là va lui ouvrir « réellement » les portes d’un autre monde dans lequel son petit frère, Toby est enlevé par Jareth, le roi diabolique de cet univers. Pour le retrouver, elle doit affronter les épreuves du labyrinthe. Une histoire de sortie d’enfance, des prémices de la maturité, parfois si difficile à accepter. Récit d’aventures et plongée dans les sentiments d’une jeune-fille.
Le livre est grand, physiquement : il ressemble aux grands livres illustrés de l’époque des arrière-grands-parents. Ces livres-là, nos aïeux les aimaient parce qu’on les leur offrait en récompense d’un bon travail à l’école.
On pense aussi aux journaux illustrés des années 20 dans lesquels paraissaient en feuilleton, des récits d’aventures, drôles et populaires !
Plaisir et transmission… partage, le livre est Grand !
La série B et l’étrange créature du lac noir… alors là… la série B c’est parce qu’il y a un début à l’histoire, comme un pré-générique, on entre directement dans l’histoire sans rien en savoir et puis il y a comme une rupture surprenante qui nous met à distance tout en nous tenant en haleine… et puis l’étrange créature, c’et un petit point de détail comme il y en a mille autres dans cette histoire.
L’humour et la taquinerie…
Et le texte de Thomas Scotto : c’est d’abord une pièce de théâtre, texte brut… sans images prédéfinies. Le grand livre que vous aurez sous les yeux est une BD, ce sont donc les images et leurs enchaînements qui prédominent. Et là, on mesure l’humilité, la confiance de l’écrivain pour l’illustrateur. Dans ce livre, les mots sont de petites touches discrètes qui interrogent, guident les yeux, des petites lumières intérieures.
Images et mots au service l’un de l’autre.
C’est magnifique !
Lisa Bienvenu
Podcast de l’émission :