Un grand jour de rien
Béatrice Allemagna éditions Albin Michel jeunesse – 2016
C’est l’histoire d’un petit garçon qui vit comme une étoile de mer [1] : il passe ses journées de vacances allongé sur un canapé, dans un coin (il faut dire, il pleut à verse et sa maman travaille sur son ordinateur). Il porte d’énormes lunettes mais sa vision du monde réel extérieur est davantage rétrécie par son temps passé sur la console à zigouiller des martiens que par une vue défaillante. Et il est ultrasensible : aux sentiments, aux émotions, au monde de rien qu’il finit par découvrir dehors, sous la pluie, en K-Way© orange fluo. Et il pense à son papa, absent.
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Il y a une image qui me rappelle une photo. Celle que Robert Capa a faite pendant la guerre d’Espagne et qui s’appelle « la mort d’un républicain ». Elle représente dans l’histoire de la photo « le moment décisif », comme dans la vie de ce petit garçon étoile de mer. Ce rapprochement est peut-être étrange, mais voilà comment un travail particulier sur une image, un cadrage, un point de vue peut véritablement révéler un aspect sous-jacent d’une histoire. C’est quand même passionnant ces associations d’idées !
Dans ce livre où il pleut, les escargots et les champignons sont de sortie avec une incroyable foule de minuscules petits bidules tous plus adorables les uns que les autres et qui procurent des sensations douces et fraîches. Le petit garçon lumineux éclaire tout sur son passage, même s’il pleut toujours.
Et il faut sentir la fin brillante de cet album, tout en force et en retenue, dans le propos, dans les images. Avec ce livre qui va à l’envers de la vie courante, bruyante, ensoleillée, souriante, rapide, occupée, belle et festive, Beatrice Alemagna pourrait bien remettre tout le monde d’aplomb. Elle a composé un personnage en qui elle a pleine confiance.
Lisa Bienvenu
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Dinosaure
Antoine Guillopé éditions Gautier Languereau – 2016
C’est l’histoire de la naissance d’un bébé dinosaure et son éveil à la vie, au monde qui l’entoure, racontés par lui-même. Et c’est un peu étrange, parce qu’on a le sentiment que c’est notre petite voix intérieure qui nous parle de notre naissance et de celle du monde et de notre rapport avec celui-ci. Avec nos envies de sortir et découvrir, nos peurs profondes, l’irrépressible besoin de la mère avec ce regard qui rassure et qui fait exister. Cet album est véritablement palpable, on voit les très nombreux coups de crayons, l’insistance à certains endroits pour créer de l’ombre et de la lumière, pour que les silhouettes des dinosaures prennent vie sur le décor de papier. Notre fascination pour nos origines et pour les dinosaures est bien là !