3 exploits de Till l’espiègle
Auteur : Philippe Lechermeier – Illustrateur : Gaëtan Dorémus
Voyez-donc la couverture, elle donne le ton : ça va swinguer sévère, être profondément moqueur et incorrect juste pour le plaisir… d’être libre et dans l’inavouable but d’être enfin pénard ! Je vous le dis, ça se devine un peu moins sur l’image.
Trois exploits nous sont donc contés là. Je vous raconte juste un peu du premier :Till souhaite s’acquitter de ses dettes, d’une manière un peu particulière. Sa naissance ayant causé mille tracas aux habitants du village, ils ont pris l’habitude de le rendre responsable de tous les malheurs. Et ça dérange beaucoup Till d’être responsable. Il est sans arrêt conspué, alors son père, tendre et aimant lui dévoile le secret du Pays de Cocagne tout là-bas derrière les montagnes. Alors Till s’en va mais avant de pouvoir gagner le droit au bonheur et à la tranquillité il va devoir traverser de sacrées épreuves et réaliser de véritables exploits !
Hmmm, à moins que son père lui ait dit ça pour que lui soit enfin tranquille ?
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La présentation, les dessins « à l’ancienne », qui rappellent un peu l’univers du personnage « Struwwelpeter » de Heinrich Hoffman, le ton des textes, font de ce livre un drôle d’objet qui sème le doute dans nos têtes : ça a l’air sérieux, mais l’image de couverture dit le contraire, Till semble rempli de bonnes intentions, il agit en bon petit soldat en respectant les consignes à la lettre mais il ne fait que d’énormes bêtises. L’histoire semble fonctionner comme un conte, mais à l’envers.
Les images sont terriblement drôles, traçant les grandes lignes des situations qui vont conduire à la bêtise, au coup de bâton. Evidemment, tout ne peut pas être représenté, le cerveau comble les trous tout seul, c’est aussi là que c’est drôle, on s’imagine et on peut bien s’imaginer ce qu’on veut !
Le texte est extrêmement rythmé par des répétitions, des rimes, des expressions, des mots inventés. Mais il y a une sorte de distance installée par un style un peu ampoulé, « à l’ancienne ». Le mélange des deux donne un faux ton sérieux. Hmm, c’est du lard ou du cochon ?
Bon et pour ajouter à la confusion, la construction de la couverture peut rappeler les affiches de films de série B.
Ma foi, un bien bel ouvrage que l’on se délectera de lire à nos enfants au coin de feu mais pas trop près des flammes.
Lisa Bienvenu