le jardin du dedans-dehors
Auteur : Chiara Mezzalama et Régis Lejonc ; illustration : Régis Lejonc – Les éditions des éléphants-2017-
C’est l’histoire de Chiara et son jeune frère, enfants italiens, qui rejoignent leur père, ambassadeur d’Italie en Iran en 1980. C’est dans un pays déchiré, violent et perdu que les enfants arrivent.
Tout cet album est centré sur l’imaginaire qui peut se développer, même dans une prison dorée. “Le jardin du dedans-dehors” : les enfants savent que des événements auxquels ils ne peuvent pas prendre part se déroulent, ils le sentent, posent des questions auxquelles les adultes ne peuvent pas répondre. Ils mettent ce qui les dérange à distance. Ils inventent, composent à partir du réel, des histoires imaginaires. Ce jardin représente la jonction des deux univers.
Les mots et les structures de phrases sont marqués, « durs », « carrés », l’auteure n’a pas peur de nommer les choses très précisément, on ressent la violence, le sentiment d’injustice. On sent les ruptures, les confrontations. D’une page à l’autre on passe d’un état à un autre : après la peur et la violence, on rêve, on est tranquille, on joue, on s’échappe.
Ces passages d’un état à un autre, assez typiques de l’enfance, sont soutenus par les couleurs et des cadrages, qui racontent l’histoire tout autant que le texte. –
les couleurs : il y a du bleu, du vert et du rouge, ce sont les couleurs dominantes. Vert et bleu sont associées au dedans, à l’apaisement (le jardin, la fontaine, la verdure). Rouge est associée à la guerre, la violence, la colère. Souvent, les distinctions sont nettes et parfois, les couleurs se rejoignent physiquement, pour montrer qu’il y a jonction et que le monde n’est ni noir, ni blanc. Peu à peu, elles font corps pour aller vers l’apaisement, les teintes sont moins nettes, on voit du marron, du brun, du jaune…Et puis, certains mots doux, font des incursions dans les pages aux couleurs dures.
les cadrages et les points de vue : toutes les images sont encadrées dans des pages qui sont déjà des cadres. Tout est bien délimité. On voit principalement les personnages de face dans leur environnement, on est extérieur à l’histoire. Et puis à deux moments on regarde vers l’extérieur avec les personnages, on les accompagne, on ressent la violence ou la douceur, on n’est plus spectateur.
Et là, regardez bien ce que raconte la toute dernière image : les couleurs sont mélangées, les motifs de la robe de la fillette qui se trouve à l’intérieur de sa maison sont une suite de la végétation extérieure. Les deux mondes sont enfin reliés. Les enfants grandissent. Les adultes se rappellent l’enfance.
Lisa Bienvenu