Ruby tête haute
Auteur : Irène Cohen-Janca ; illustrateur : Marc Daniau – Les éditions des éléphants- 2017
C’est l’histoire vraie de Ruby Bridges, l’une des premières enfants noires à intégrer l’école des enfants blancs aux Etats-unis, en 1963. Elle habite en Lousianne et même si depuis 1950 l’idée d’égalité des droits évolue, même si en 1960 la Cour Suprême des Etats-Unis impose la fin de la ségrégation dans les écoles, le racisme est toujours présent et violent.Le livre part d’un tableau de Norman Rockwell (The problem We All Live With), qu’a rencontré Irène Cohen-Janca.
{mooblock=}
elle est racontée par Nora, une enfant. La maîtresse d’école demande à ses élèves ce qu’ils ressentent en voyant ce tableau (de Norman Rockwell). Nora pense et rêve de ce tableau. La maîtresse laisse ses élèves sans réponse et c’est le lendemain qu’elle leur raconte l’histoire de Ruby Bridges, la fillette noire peinte sur le tableau. C’est alors la voix de Ruby Bridges qui sort du livre, son point de vue d’enfant sur les événements qui évidemment lui ont complètement échappés… le jour de la rentrée, elle met sa plus belle robe et monte dans la voiture des policiers, sans poser de questions.
Le livre se referme sur la salle de classe et le rêve de Nora. Toute cette mise en place de l’histoire est très intéressante et cohérente : – On y trouve l’idée de transmission avec l’école, l’importance d’y aller prend tout son sens, comme le devoir de mémoire. Et surtout, la nécessité de laisser imaginer, penser afin que les enfants cheminent et construisent leurs idées seuls. – On y trouve aussi l’idée de la fonction sociale d’une image et la lecture qu’on peut en faire, en fonction de l’époque. –
Adopter le point de vue de Ruby rend le récit totalement accessible aux enfants et permet de mettre en valeur de manière simple et évidente, la bêtise du racisme. La violence n’est pas gommée, mais Ruby n’en prend conscience que tardivement. Cela permet aussi de dire combien l’insouciance de l’enfance et sa foi en l’humanité sont une source d’espoir à entretenir pour l’avenir du monde. –
Les images de Marc Daniau reflètent aussi cette idée : elles sont centrées sur les personnages en mouvement, alors on y sent la vitalité, le dialogue, le partage. La position des bras attire l’œil… Regardez tout ce qu’ils racontent ces bras ! Levés, tranquillement le long du corps ou se balançant énergiquement quand les enfants marchent. A eux seuls, il disent beaucoup du rapport de force, de tranquillité ou d’aplomb entre les personnages. Les couleurs sont chaleureuses et même dans les images les plus sombres, la confiance n’est jamais loin.
A la toute fin du livre, une page simple et bien faite qui répond à nos interrogations, replace l’histoire dans son contexte : la ségrégation aux Etats-unis, Martin Luther King, Norman Rockwell et qu’est devenue Ruby Bridges. Une belle histoire, sacrément bien faite et remplie d’espoirs ! Ouf !
.
Lisa Bienvenu
{/mooblock}