Peau d’âne
Auteurs : Cécile Roumiguière – Illustratrice : Allessandra Maria éditions Tlbin Michel – 2019
Peau d’âne, pour rappel, raconte l’histoire d’une princesse qui doit s’enfuir de chez elle. Sa mère, la reine, est morte et son père le roi, veut se marier avec elle. Pourquoi veut-il se marier avec elle ? Sur son lit de mort, la reine a fait promettre au roi de n’épouser qu’une femme plus belle qu’elle. Hors, seule la princesse surpasse toutes les beautés !
On est là dans un sacré tabou et d’étranges contradictions, celles qui nous tenaillent le ventre : la princesse a souffert de la mort de sa mère et de l’absence de son père, le roi étant tout à sa douleur, elle est touchée par l’intérêt qu’il lui porte de nouveau. Elle est aussi soumise, elle doit lui obéir, en tant que fille et princesse. Le roi, lui est prisonnier de la promesse qu’il a faite à sa femme. Comment la princesse va t’elle s’affranchir de son père ? C’est ce que nous raconte Peau d’âne. Et pourquoi cette version-là est remarquable ? C’est précisément ce que nous allons voir, en quelques mots….
Dans un album, ce sont d’abord les illustrations que l’on regarde, c’est ce qui nous séduit ou nous repousse, ou les deux en même temps. Là, elles sont noires, dorées, comme voilées, d’une grande beauté, tristesse, étranges, à la fois réalistes surréalistes. Il y a des perles, des mains entrelacées, des fleurs qui s’ouvrent, des cheveux fins qui dansent.
Les illustrations ont été faites par Alessandra Maria, une artiste américaine dont c’est le premier livre. Elle s’inspire entre autres du Quattrocento, mouvement artistique italien du XI siècle qui fait référence à l’Antiquité et la philosophie humaniste, celle qui place l’homme au cœur de la nature. Ces images entrent en parfaite résonnance avec l’écriture et les thèmes développés par l’autrice, Cécile Roumiguière : l’écriture est déliée et souple, les mots y sont précis et nuancés pour décrire toutes les variétés d’ambiances et de sentiments ou émotions qui traversent la jeune-fille. Et puis, dans cette version du conte, Cécile Roumiguière nous dit comment, en leur temps, le roi et la reine avaient redonné vie à des “terres austères” en y apportant, plantes et animaux et comment, après une autre période sombre, grâce à l’obstination de la princesse qui sait au plus profond d’elle-même ce qui est juste, la nature vivante et lumineuse, reprend ses droits.
Pour terminer cette chronique, je dirais que cette adaptation du conte de Perrault est remarquable parce qu’elle nous parle de manière fine et symbolique de questions extrêmement contemporaines : la condition féminine, l’éducation des petites filles et l’état dans lequel se trouve la nature qui nous entoure.
Lisa
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