Le président du monde
Germano Zullo et Albertine – éditions La joie de lire -2016-
C’est l’histoire du Président du monde pour qui tout va très bien alors que tout va très mal. Les téléphones du monde entier sonnent en même temps pour témoigner de situations alarmantes. Les dossiers s’empilent sur son bureau. Mais, heureusement, les conseillers sont là : chacun a bien étudié la situation pour mieux prendre la place du Président. Chacun maîtrise brillamment la langue de bois. Pendant toute cette agitation de surface, dans les profondeurs d’un joli lac de montagne, on voit un bloup-bloup, de douces petites bulles qui font surface, gentiment et innocemment.
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Mais, Maman est là…. alors tout va très bien (Madame la Marquise, tout va très bien, tout va très bien !). Avez-vous déjà croisé un immense monstre, plus grand que des immeubles, qui râle très fort, a une démarche raide et lourde sur ses pattes arrière et avance bruyamment, les pattes avant tendues ? Oui, je vous décris là une figure archétypale, une figure qu’on identifie tous parfaitement. Plus concrètement celle-ci est récente, elle appartient dans nos têtes aux Comics américains (j’en ai croisé un dans un Spiderman) et aux films de série B, qui sont parfois de merveilleux nanars. Ce monstre-là, récent, que l’on connaît sort forcément de quelque part. Des dessinateurs, japonais je crois, ont crée une figure de monstre allègrement reprise par des dessinateurs occidentaux, qui en ont fait une star.
Aujourd’hui, ce monstre star se retrouve dans un album de Germano Zullo et Albertine et le mélange des imaginaires crée dans nos têtes un décalage hilarant. Un mélange explosif qui nous fait ressentir drôlerie et désespoir. Alors ça interpelle beaucoup. Les textes sont délicieusement légers et très ironiques, ironie renforcée par la présence du gros monstre qui signifie pour nous « la destruction totale d’une ville ou la fin du monde ». Les illustrations ont des couleurs vives et enjouées, le trait est sûr et tremblant en même temps. On sent toute la fraîcheur de la montagne. Le contraste est total : le danger arrive à très grand pas, dans un paysage digne d’Heidi. Les personnages regardent tous en l’air ou de côté : si on ne regarde pas, c’est qu’il ne se passe rien, hein, c’est bien ça !
Étonnant !
Lisa Bienvenu
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Podcast de l’émission :
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