Un ours, des ours

Auteur : François David ; collectif d’illustrateurs ; éditions Sarbacane  -2016-

L’ours… demandons-nous ce qu’il représente pour nous, intimement, profondément ? Et demandons-nous aussi ce qu’il est dans notre imaginaire collectif ? Dans notre histoire commune ?

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Alors regardons attentivement l’image de couverture : un ours brun au pelage à fois doux et rêche remplit l’espace. Il est imposant, impressionnant. Un petit coin, suffisamment grand, au creux de l’ours, semble pouvoir nous accueillir encore. Il doit y faire chaud. L’ours brun dort, en position fœtale. Ses yeux sont bien fermés. Mais ses griffes sont sorties et pas qu’un peu. C’est l’ours de Marie Dorléans. A l’intérieur, il y a bien d’autres ours, de bien d’autres artistes [1]. L’ours n’étant certainement pas un animal anodin pour chacun de nous, de manière intime, lié à notre enfance ou dans l’imaginaire collectif, chaque représentation de la bête, chaque interprétation nous renvoie à d’étranges sentiments, agréables et déroutants tout en même temps. Et puis, avec ces imaginaires si forts et si lointains, chaque dessin d’artiste ressemble au dévoilement d’un petit secret. Comme une confidence sur l’enfance. Les textes de François David sont énigmatiques, la lecture en est fluide alors qu’il y a finalement assez peu de signes de ponctuation. Là aussi, c’est étonnant, comme si l’ours était un animal familier et qu’on se surprenait à le découvrir sans cesse. Les formes de poésies sont variées, racontant parfois une histoire presque narrative, nous donnant simplement des sensations, nous procurant des émotions. On peut avoir le sentiment de ne faire que picorer, parce que c’est court, mais il y a de fortes pensées et impressions qui perdurent. Quand on y pense, là sous nos yeux, c’est une foule d’univers d’artistes différents qui nous sont proposés, dans le même livre, sacrée chance, vraiment, pour ravir nos yeux ! Toujours sur des textes de François David, les éditions Sarbacane ont déjà publié sur le même principe un éléphant peut en cacher un autre et un loup peut en cacher un autre. Je crois qu’ils sont épuisés. Ces livres-là sont de véritables richesses pour l’imaginaire, le partage, la transmission et la vie secrète, nichée à l’intérieur de soi.

Lisa Bienvenu

 

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dune rive a lautre D’une rive à l’autre

Cécile Roumiguière et Natali Fortier éditions A pas de loups – 2016

 

Pierre et Elise sont des copains qui s’aiment très fort. Leurs familles sont brouillées depuis des années, sans qu’on sache bien pourquoi. Elise et Pierre vivent à l’époque des écoles de filles et de garçons, à l’époque de la guerre. Une rivière sépare leurs maisons, pas de lien direct entre leurs habitations, mais… beaucoup d’imagination les relie l’un à l’autre, de la confiance, l’envie d’être ensemble. Un jour, Elise raconte à « Pierre qu’une femme est arrivée chez eux » et c’est là que tout s’emballe, se noue et se dénoue…

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Alors oui, la guerre c’est dur, Cécile Roumiguière, dans son texte, n’amoindrit pas cet aspect. Elle y évoque la faim, la nécessité pour certaines personnes de se cacher, les peurs des adultes, le repli sur soi. Dans les mots de l’auteur, on entend aussi beaucoup de chaleur et de confiance : les enfants savent où se retrouver, ils s’inventent des histoires. Et cette femme accueillie dans la famille d’Elise avec « son ventre rebondi », promesse de vie, les chants qu’elle donne à la fillette, la poupée qu’elle raccommode avec l’étoile jaune arrachée de son manteau. Le secret qu’elle partage avec les enfants. C’est un doux équilibre chuchoté à nos oreilles, rassurant parce que tout vient des enfants, de la confiance qu’ils ont en la vie, de la solidarité qui les anime, de manière spontanée et naïve. Les images de Natali Fortier ? Elles entrent en résonance avec le texte : on y pressent, dès le début, avec le mobile enfantin sur les pages de garde, la fin heureuse. Les couleurs sont à la fois pâles et lumineuses… tout n’est pas que bonheur, la froideur est là, mais tout va quand même bien. Écharpes, couture, fil pour étendre le linge, ribambelles, personnages en file indienne, branches des arbres qui s’entremêlent, tout est là pour nous dire en filigrane qu’ensemble, tout est possible. Et puis, toujours, chez Natali Fortier, ces personnages qui semblent toujours prêts de tomber mais qui restent en équilibre. Tout est tendu, prêt à se briser, mais non, ça ne casse pas. Regardez, l’image de couverture… L’histoire se déroule au moment de Noël, c’est le moment, là, non ?

 

 

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Podcast de l’émission :

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