Le dictionnaire fou du corps

Katy Couprie, éditions Thierry Magnier, 2016 « 

Censure

Contexte Condensé de cette affaire de censure, voilà mes sources : Article publié sur le site « L’Obs » le 28 octobre 2016 Article publié sur le site « L’obs » le 8 novembre 2016 l’hilarante chronique jaune et noire de François Morel sur France inter

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Le 7 octobre 2016, la Direction des Affaires Scolaires de Paris a demandé le rappel de deux ouvrages qui avaient été distribués dans les bibliothèques des écoles maternelles et primaires.

le dictionnaire fou du corps de Katy Couprie aux éditions Thierry Magnier et  Beta… civilisations volume 1 de Jens Harder aux éditions Actes Sud l’An2 Motif : des vignettes qui peuvent choquer Question 1 : choquer qui ? Question 2 : quelles vignettes ? Grande Interrogation : les livres qui sont distribués dans les bibliothèques des écoles font toujours l’objet d’une sélection et d’une attention particulière, alors pourquoi, si « des vignettes peuvent choquer » n’ont-elles pas été repérées avant ? Autre Grande Interrogation, en tout cas pour le Dictionnaire fou du corps :il comporte la mention obligatoire dans l’édition jeunesse relative à la « Loi n°49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse ». Si vous cliquez sur le lien, vous verrez que des gens très sérieux composent ce comité qui vérifie les livres.

Alors THE QUESTION IS : de quoi a-t-on peur ? On devient frileux pour tout, mi-figue mi-cochon comme j’aime à le dire !

Il y a des crispations sur tout et pour tout comme s’il fallait en Littératures ne montrer que la convenance. « ça ne se fait pas, ne se dit pas, roo non quand même » Mais… quoi, enfin ? Et alors, toujours ce comble-là, complètement paradoxal : la littérature jeunesse, ce n’est pas grave parce que c’est pour les enfants, pas vraiment nécessaire d’en discuter et d’en débattre trop. C’est mignon et gentil. Par contre il peut y avoir des levées de boucliers basées sur rien… si sur le corps, la nudité, l’amour, les relations d’amour et sexuelles… sur ce qui nous fait nous et entre nous.

Depuis, sans faire trop de bruit, les livres sont revenus sur les rayons, n’empêche, il y a quand même eu censure. Alors tant mieux, pour l’instant présent et ces livres. Mais je pose la question, vraiment : ne vaudrait-il pas presque mieux censurer et assumer, ce qui donne la pleine possibilité aux opposants au courant de se positionner, d’informer et de se battre plutôt que de censurer, pédaler en arrière et se retrancher derrière le « ah mais non, la censure, pensez-vous, pas chez nous… non. »

Le livre

C’est un livre d’artiste, un point de vue sur le monde. Esthétiquement, on aime ou pas, les choix graphiques, de mises en pages, les textes poétiques, humoristiques, très fantaisistes.

C’est un parti pris et si on prend le temps de regarder, ce parti pris est parfaitement expliqué par l’éditeur (Thierry Magnier) et l’auteur (Katy Couprie) pour donner des repères de lecture et compréhension aux lecteurs adultes et enfants. Tout est extrêmement clair sur les intentions. Il suffit de faire confiance. On ne peut se tromper que si on zappe, si on extrait de son contexte, que si on manipule l’information sans faire attention avec des préjugés

. Qui plus est, les éditions Thierry Magnier ne publient pas de documentaires, elles travaillent sur l’art et la fiction qui sont UN point de vue sur le réel, UNE proposition, pas LA vérité. Elles donnent du grain à moudre, elles alimentent la cervelle avec l’art et la fiction.

A la lecture de ce livre et de Beta… civilisations, volume 1 de Jens Harder, autre ouvrage censuré dans le même panier, j’ai comme le sentiment, que oui, la « chose sexuelle » peut déranger, mais j’ai surtout l’impression qu’elle est un prétexte là. Ces deux ouvrages sont de fabuleux mélanges de tous les genres, ils font des rapprochements esthétiques et poétiques oui, mais aussi d’idées qui dérangent proprement notre actuelle vision du monde, qui la remettent en cause, profondément. Alors je me demande si ce n’est pas davantage ça qui embête les autorités qui censurent.

Rappelons-nous : Tous à poil ! de Claire Franek et Marc Daniau qui montrait dans la joie et la bonne humeur des personnages tous souriants, se déshabillant avant de courir à la plage. Il me souvient une petite chose rigolote : Copé avait joliment dit qu’inviter les enfants dans un livre recommandé par l’éducation nationale à dire « A poil la maîtresse ! » était clairement leur faire passer le message qu’ils pouvaient se moquer de tout, ne plus rien respecter et remettre en cause l’ordre établi.

Le Dictionnaire fou du corps est un livre d’artiste avec des idées et un style, dans lequel tout peut choquer, ou rien ou un peu. Et alors ? A chacun de s’en faire son idée.

 

Lisa Bienvenu

 

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beta Beta

Jens Harder, éditions Acte sud l’an 2 – 2014

Beta… civilisation volume 1 est un livre d’artiste avec des idées et un style, dans lequel tout peut choquer, ou rien ou un peu. Et alors ? A chacun de s’en faire son idée.

  

Podcast de l’émission :

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